L’agriculture biodynamique : un enjeu pour la terre

DEPUIS  QUELQUES  ANNÉES  TOUT  LE   MONDE  PARLE  D’ÉCOLOGIE, DE  DÉVELOPPEMENT DURABLE, DE  PRÉSERVATION  DE  L ’ENVIRONNEMENT ET DE PERTE  DE BIODIVERSITÉ. CETTE  LENTE  PRISE  DE CONSCIENCE  S’EST  EFFECTUÉE  AU   FIL   DES  SCANDALES  ALIMENTAIRES ,  DES  POLLUTIONS  À GRANDE  ÉCHELLE  ET   DE   LA   DISPARITION  MASSIVE  D’ESPÈCES  ANIMALES  ET   VÉGÉTALES. POURTANT,  DEPUIS  LES  ANNÉES  20 DU   SIÈCLE PASSÉ, UNE  NOUVELLE  VISION  DE  L’AGRICULTURE  A  COMMENCÉ  À  FAIRE SES  PREMIERS  PAS  : L ’AGRICULTURE  BIODYNAMIQUE. ELLE  EST  PRATIQUÉE  AUJOURD’HUI  SUR  PLUS  DE  3000 DOMAINES  AGRICOLES  À TRAVERS  LE   MONDE. ELLE  EST  À LA   FOIS  RESPECTUEUSE  DES  TRADITIONS AGRICOLES  QUI  ONT

 FACONNÉ  LES  PAYSAGES  ET   CRÉÉ  TOUTES  LES  RACES  ANIMALES  ET VÉGÉTALES  DOMESTIQUES, TOUT  EN  ÉTANT  RÉSOLUMENT  TOURNÉE VERS  L’AVENIR  DE   LA   PLANÈTE,  NOTRE  TERRE  NOURRICIÈRE. SI CETTE  PRATIQUE  AGRICOLE A SU S’IMPLANTER  SUR  TOUS  LES CONTINENTS,  C’EST  GRACE   À L’ENTHOUSIASME  QU’ELLE  ÉVEILLE  CHEZ CELLES ET CEUX  QUI  LA METTENT  EN ŒUVRE  ET   AUX  BONS  RÉSULTATS OBTENUS  SUR  LE TERRAIN. A CTUELLEMENT EN FRANCE, C’EST

 SURTOUT  À TRAVERS  LA  VITICULTURE  QUE LA   BIODYNAMIE  SE   FAIT  CONNAITRE. DE NOMBREUX  GRANDS CRUS ONT PAR EXEMPLE ÉTÉ RECONVERTIS À CE   MODE  D’AGRICULTURE GRACE AUX BONS RÉSULTATS OBTENUS SUR LE TERRAIN.

(c) Wikipedia
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L’origine de l’agriculture biodynamique

Mais dans quel contexte est apparue cette nouvelle agriculture ? Ce sont des paysans sensibilisés par l’approche scientifique et spirituelle de Rudolf Steiner, qui ont en 19241  sollicité ce chercheur infatigable, pour qu’il apporte des réponses à leurs inquiétudes. Lorsqu’on regarde de près quels  étaient alors ces problèmes, on s’aperçoit que les ingrédients de la crise agricole actuelle étaient déjà présents : baisse de fertilité des animaux et des semences végétales, diminution de la qualité gustative et nutritive des aliments, processus de vieillissement des sols, premiers effets négatifs des engrais chimiques, début de la spécialisation à grande échelle avec la monoculture et l’élevage intensif.

Quels sont les grands principes de ce mode d’agriculture?

Tout d’abord il est nécessaire d’acquérir une vision globale de la ferme en tant qu’organisme

vivant, et même en tant qu’être vivant avec tous les organes qui composent cet organisme. La forêt et l’arbre jouent par exemple un rôle de poumon. Il faut apprendre à développer une vision organique de la nature, pour découvrir les principes de vie qui l’habitent, puis à appliquer ces connaissances à la culture et à l’élevage. L’agriculture biologique qui est née après la seconde guerre mondiale, a surtout rejeté les intrants chimiques et a mis au point des techniques culturales plus douces qu’en agriculture conventionnelle. Par contre, elle n’a pas fondé sa démarche sur une nouvelle approche des forces de a nature telles qu’elles sont utilisées en biodynamie.

De quoi s’agit-il exactement ? Les forces qui sont à l’œuvre dans tous les êtres vivants s’expriment à travers les quatre éléments (air, terre, eau, chaleur) mais elles ne sont pas seulement de nature mécanique, physique ou électromagnétique. Rudolf Steiner a fondé une démarche expérimentale pour apprendre à connaître ces différentes forces à l’œuvre, qui font croître les plantes, qui font se mouvoir l’animal ou qui permettent la conscience humaine. Cette  approche globale de la vie, génère dans la pratique agricole, des paysages équilibrés avec des prairies, des jardins, des champs cultivés, des haies, des arbres et des bois ainsi que des élevages d’espèces animales diversifiés. L’idéal à atteindre est « l’organisme agricole individualisé » grâce à la créativité des paysans.

Le second grand principe consiste à s’intéresser à nouveau au ciel. L’histoire de l’agriculture est marquée depuis ses origines par une connaissance des influences des astres et en particulier de la lune, sur le monde organique. Si les forces du soleil sont déterminantes pour l’essentiel de la vie sur terre, les autres astres n’agissent pas moins sur la croissance des plantes, des animaux et des humains. Une nouvelle science des influences et des rythmes du cosmos est nécessaire, afin d’en déduire les applications pratiques pour l’agriculture et le jardinage. C’est le but d’un calendrier des semis qui attire de plus en plus d’amateurs et de professionnels soucieux de comprendre la vie dans sa globalité et d’augmenter la qualité des produits.

Certains jours sont plus favorables aux semis que d’autres par exemple.

Le troisième principe fondamental est la nécessité de vivifier les sols : la terre ne peut pas simplement donner sans recevoir. Elle a besoin d’être nourrie et stimulée avec du compost dynamisé (voir encadré) rempli d’éléments fertilisants et de forces susceptibles de former de l’humus stable. L’agriculture moderne diminue la fertilité de la terre car elle n’apporte pas cette nourriture humique indispensable aux micro-organismes du sol. Les engrais chimiques forcent la croissance des végétaux mais n’apportent pas de vitalité à la terre. Steiner avait mis ses contemporains en garde sur leur danger, et il a proposé des alternatives concrètes pour revitaliser les sols fatigués, pour redynamiser les forces de vie des plantes et pour renforcer l’immunité des animaux. De tels sols revivifiés produisent des aliments de haute qualité nutritive. 

Mais qu’est ce qu’un compost dynamisé?

On introduit dans le tas de compost des préparations à base de plantes médicinales telles que l’achillée millefeuille, la camomille, l’ortie, le pissenlit, le chêne ou encore la valériane.

On peut apprendre à confectionner soi-même ces préparations, lors de stages organisés par le mouvement de culture biodynamique. Ce sont de vrais remèdes pour la terre. Ils vont permettre d’obtenir un compost bien équilibré qui à son tour va vivifier la terre. Les plantes bénéficieront alors d’une terre généreuse, bienfaisante et remplie de forces de vie.

En quatrième lieu, il faut citer deux préparations majeures qui doivent être pulvérisées sur la terre et sur les plantes. La première est un concentré à base de bouse de vache  qui est dilué dans de l’eau puis dynamisé (voir photo) avant d’être épandu sur la terre. Elle va stimuler la croissance des végétaux, favoriser la germination et permettre un développement harmonieux de la plante. La seconde est à base de silice obtenue en général à partir du quartz. Une petite quantité de cette poudre de silice va être dynamisée dans de l’eau puis pulvérisée finement sur les feuilles des plantes: ces dernières seront fortement stimulées pour assimiler davantage la lumière du soleil mais aussi les forces du cosmos. Le résultat escompté, c’est plus de nutriments dans les récoltes, une meilleure qualité gustative et une meilleure conservation.

L’action conjointe de ces deux préparations permet aux plantes de s’épanouir de manière optimale entre ciel et terre.

En quatrième lieu, il faut citer deux préparations majeures qui doivent être pulvérisées sur la terre et sur les plantes. La première est un concentré à base de bouse de vache  qui est dilué dans de l’eau puis dynamisé avant d’être épandu sur la terre. Elle va stimuler la croissance des végétaux, favoriser la germination et permettre un développement harmonieux de la plante. La seconde est à base de silice obtenue en général à partir du quartz. Une petite quantité de cette poudre de silice va être dynamisée dans de l’eau puis pulvérisée finement sur les feuilles des plantes: ces dernières seront fortement stimulées pour assimiler davantage la lumière du soleil mais aussi les forces du cosmos. Le résultat escompté, c’est plus de nutriments dans les récoltes, une meilleure qualité gustative et une meilleure conservation.

L’action conjointe de ces deux préparations permet aux plantes de s’épanouir de manière optimale entre ciel et terre.

(C) Wikipedia
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La question alimentaire

Elle trouve dans l’agriculture biodynamique une réponse pertinente aux grandes questions actuelles : comment nourrir toute la population mondiale avec des aliments de qualité ? Comment produire ces aliments sans influer négativement sur les biens communs que sont l’eau, l’air, et les sols ?

Comment assurer une économie équitable pour tous les acteurs de la chaîne alimentaire ? Plusieurs études indépendantes ont montré que l’agriculture écologique pourra nourrir les 9 milliards d’humains en 2050. Olivier de Schutter, rapporteur spécial des Nations Unies, vient de publier le 8 mars 2011, une étude qui montre que l’agro écologie peut produire deux fois plus de nourriture qu’actuellement, dans de nombreuses régions du monde. La longue expérience de l’agriculture biodynamique, peut largement contribuer à ce renouveau de la paysannerie en rendant aux agriculteurs leur dignité. Cela passe par une bonne formation dès l’école. Les essais DOC2  menés durant 25 ans par le FIBL en Suisse, ont montré que les pratiques biodynamiques maintiennent et augmentent la fertilité durable des sols de façon plus significative encore que l’agriculture biologique. L’agriculture biodynamique, en faisant alliance avec l’agro-écologie, répond positivement et concrètement à la faim dans le monde en permettant l’autosuffisance alimentaire des populations.

La question citoyenne

Pour finir, il faut encore évoquer notre engagement de citoyen face à ces problématiques. Il est urgent de développer un regard plus concret et plus vivant sur la nature, sur les biens communs et sur l’être humain, car c’est ce dernier qui détient la clé de l’évolution de son environnement. La connaissance des plantes, des animaux et de la nature humaine, élargie par les apports fondamentaux de Steiner sur ces questions, nous prépare à considérer la terre et l’alimentation et tout ce que cela implique, avec un respect et une compréhension beaucoup plus approfondis.

En tant que citoyen, je peux décider des paysages dans lesquels je souhaite vivre en jardinant moi-même, en soutenant des fermes qui ont fait le choix d’un futur plus écologique par la vente directe, par le biais d’une AMAP3, d’un groupement d’agriculture biologique ou biodynamique ou encore par l’investissement et le don dans le foncier agricole avec Terre de Liens4. Je peux dès maintenant, décider de nourrir mes enfants avec des produits provenant de telles fermes et permettre aux jeunes de se construire avec des aliments remplis de forces équilibrées. C’est fondamental pour que l’enfant habite avec tout son être dans son corps.

Article rédigé par René Becker. René Becker a été agriculteur en biodynamie pendant plus de 20 ans et  a été formateur et animateur.  Il a accueilli de nombreuses classes d’écoles Steiner au  domaine de Saint Laurent près de Cluny en Bourgogne.
Article publié initialement dans la revue 1.2.3 Soleil de l’APAPS

Mis en ligne le 17 Décembre 2016

 

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