Regard sur les programmes d’éducation Waldorf et Montessori dans la petite enfance

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Regard sur les programmes d’éducation Waldorf et Montessori dans la petite enfance

Barbara Shell est une personne qui a enseigné à la fois dans des écoles Steiner-Waldorf et Montessori.

Le texte ci-dessous est une synthèse d’extraits (traduits de l’anglais) de l’article « A Look at Waldorf and Montessori Education in Early Childhood Programs  (en français  « Un regard sur les programmes d’éducation Waldorf et Montessori dans la petite enfance » qu’elle a rédigé.

En introduction, Barbara Shell souligne que bien que le jeune enfant soit considéré avec beaucoup de respect et de révérence dans les deux philosophies, il existe plusieurs différences entre la pédagogie Steiner-Waldorf et Montessori, et notamment dans l’approche du jeu, du fantastique, des jouets, du développement social, de la structure, de l’ordre et de l’intellectualisme. Elle précise également que qu’il peut y avoir des différences d’une classe à l’autre en fonction du style et de l’interprétation propre de chaque enseignant.

Le jeu, l’imaginaire et les jouets

Dans la pédagogie Montessori, l’auteur indique que l’imaginaire doit être reporté jusqu’à ce que l’enfant soit solidement ancré dans la réalité. Les tâches et les activités des enfants sont axées sur la réalité. Chaque matériel de manipulation est basé sur un concept d’apprentissage spécifique et comporte une procédure étape par étape pour être utilisé.  Les bâtons de comptage pour le calcul, par exemple, ne doivent pas être transformés en murs de château.

Dans la pédagogie Waldorf, l’auteur indique que la puissance de l’imaginaire, qui est si vivante dans chaque enfant, fait partie intégrante de la façon dont le professeur travaille avec ses élèves.  L’enseignant intègre la narration et l’imaginaire dans l’apprentissage. D’ailleurs, le moins précis ou fini et le plus suggestif un jouet peut être, plus sa valeur éducative est importante, car il anime véritablement le monde intérieur de l’enfant.  Ainsi, les jouets des jeunes enfants dans les écoles Steiner-Waldorf peuvent être des morceaux de bois ou de coquillages, des bouts de soie colorée ou de coton pour faire des costumes ou réaliser des maisons, ou encore des poupées en tissu doux avec un minimum de détails pour les visages ou les vêtements,  ouvrant ainsi les portes d’un jeu créatif totalement libre.

L’auteur précise que l’accent mis par Waldorf sur le jeu dans la petite enfance est bien exprimé par Joseph Chilton Pearce, dans son livre « Magical Child »  (« L’enfant magique » en français) : « L’enfant n’a pas la capacité de faire la différence avec les notions d’adultes concernant le monde imaginaire et le monde réel. Il ne connaît qu’un seul monde, et c’est le réel dans lequel il est et avec lequel il joue. Le jeu est la vie. »

Développement social

Selon Barbara Shell, une grande partie du travail du jeune enfant dans les classes Montessori se concentre sur des tâches d’apprentissage individuelles, réalisées séparément. Seul l’enseignant, en tant qu’animateur, peut intervenir si l’enfant demande de l’aide.  Elle précise notamment que la socialisation à travers le respect des autres enfants qui travaillent, en aidant un plus jeune enfant à apprendre à faire une nouvelle tâche ou en attendant son tour si l’enfant veut faire une activité déjà initiée.

Dans la pédagogie Steiner-Waldorf, l’auteur indique que l’enfant apprend peu à peu à devenir un être social et que le développement du jeune enfant dans ce domaine est aussi important que les tâches qu’il réalise. Elle précise que l’enseignant a le rôle d’orchestrer la manière dont cette ouverture au social se produit, en privilégiant les bons comportements entre les enfants, mais également à travers des activités de mouvement, de chant ou de jeux pour développer la conscience de groupe, tout en accompagnant les enfants dans le développement de leur fibre humaniste afin de les aider à régler leurs désaccords.

Structure et ordre

L’auteur rappelle que Maria Montessori, mère de la pédagogie éponyme, décrit la classe comme un endroit où les enfants sont libres de se déplacer à volonté, où la journée n’est pas divisée entre les périodes de travail et les périodes de repos ou de jeu. Les enfants sont également  libres de choisir leurs propres activités en classe.

Dans les écoles Waldorf, l’auteur explique que l’enfant doit se développer dans un environnement structuré et prédictible d’une journée à l’autre, mais également d’une semaine sur l’autre.  Il y a des moments pour se réunir et travailler ensemble, des moments pour jouer individuellement ou avec des amis, des moments pour l’activité dirigée comme l’artisanat ou la cuisson ou la peinture, et des moments de jeux créatifs (narration d’une histoire en utilisant les mouvements…). L’enseignant de la pédagogie Steiner-Waldorf travaille avec les rythmes et thèmes saisonniers de l’année, en utilisant des activités artistiques, des histoires et  des chansons par exemple pour animer et capturer l’intérêt et l’imagination des enfants.

Barbara Shell souligne que les deux pédagogies Steiner-Waldorf et Montessori s’accordent sur le fait qu’un enfant doit bénéficier de rythme et d’ordre afin de structurer son monde et se sentir en sécurité. En revanche, ces deux écoles proposent des approches différentes. Ainsi, l’auteur indique que la pédagogie Montessori met l’accent sur la réalité pour extraire l’enfant de son imaginaire alors que la pédagogie Steiner-Waldorf développe le monde imaginaire de l’enfant pour stimuler son jeu et sa créativité.

Développement intellectuel

Barbara Shell indique que la pédagogie Montessori voit l’enfant comme un esprit en demande, prêt à absorber la connaissance et l’expérience comme une éponge. Ainsi, fort de ce principe, en offrant à  l’enfant des tâches intellectuelles de plus en plus difficiles à partir d’un âge précoce, le pédagogue finit par former un enfant instruit.

Selon l’auteur, la pédagogie Steiner-Waldorf ne ne croit pas qu’il s’agisse du moyen le plus efficace pour aborder l’éducation des jeunes enfants. Plutôt que d’introduire une approche pûrement intellectuelle, l’enseignant Steiner-Waldorf cherche plutôt à nourrir et à maintenir vivante l’imagination du jeune enfant en capitalisant sur le pouvoir de la pensée créatrice.  Le potentiel intellectuel de l’enfant reste ainsi inaltéré à l’intérieur de son être, et se développe peu à peu, comme les pétales d’une fleur qui éclot, en passant sereinement d’un état à l’autre.

L’auteur explique ainsi que la pédagogie Steiner-Waldorf ne cherche pas à produire des fleurs prématurées courant après la satisfaction court-terme du tout-intellectuel. Au contraire, les écoles Steiner-Waldorf s’évertuent à préserver la bonté inhérente de chaque enfant, à protéger la période de l’enfance, ce afin de les préparer à une vie d’adulte saine et équilibrée.

Pour en savoir plus

Texte complet en anglais

A Look at Waldorf and Montessori Education in Early Childhood Programs
http://www.waldorflibrary.org/articles/1169-a-look-at-waldorf-and-montessori-education-in-early-childhood-programs

Article rédigé par un collectif de l’école Perceval
Mis en ligne le 15 Novembre 2016

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