Rapport de Jacques Delors à l’UNESCO : «L’éducation, un trésor est caché dedans»

Rapport de Jacques Delors à l’UNESCO : «L’éducation, un trésor est caché dedans»

En 1996, la Commission internationale sur l’éducation pour le vingt et unième siècle présidée par Jacques Delors rédigeait un rapport pour l’UNESCO à propos de d’éducation de demain intitulé : L’éducation, un trésor est caché dedans.

Nous avons repris quelques extraits de ce rapport de 265 pages qui font largement échos à ce qui est enseigné dans les écoles Steiner-Waldorf.  Le rapport complet est disponible à partir de : L’éducation, un trésor est caché dedans.

Les quatre piliers de l’éducation

« L’éducation doit transmettre massivement et efficacement de plus en plus de savoirs et de savoir-faire évolutifs, adaptés à la civilisation cognitive, parce qu’ils sont les fondements des compétences de demain. […] Dans cette vision prospective, une réponse purement quantitative à la demande insatiable d’éducation — un bagage scolaire de plus en plus lourd — n’est ni possible ni même appropriée. Il ne suffit plus en effet que chaque individu accumule au début de sa vie un stock de connaissances, dans lequel il pourrait ensuite puiser indéfiniment. Il faut surtout qu’il soit en mesure de saisir et d’exploiter d’un bout à l’autre de son existence toutes les occasions de mettre à jour, d’approfondir et d’enrichir cette connaissance première, et de s’adapter à un monde changeant ».

« L’éducation doit s’organiser autour de quatre apprentissages fondamentaux qui, tout au long de la vie, seront en quelque sorte pour chaque individu les piliers de la connaissance ».

1 - Apprendre à Connaître, c’est-à-dire acquérir les instruments de la compréhension

« En tant que moyen, il s’agit pour chaque individu d’apprendre à comprendre le monde qui l’entoure, au moins autant qu’il lui est nécessaire pour vivre dignement, pour développer ses capacités professionnelles, pour communiquer. En tant que finalité, le fondement en est le plaisir de comprendre, de connaître, de découvrir. »

« Apprendre pour connaître suppose d’abord d’apprendre à apprendre, par l’exercice de l’attention, de la mémoire et de la pensée. Dès l’enfance, surtout dans les sociétés dominées par l’image télévisuelle, le jeune doit apprendre à concentrer son attention sur les choses et les personnes. La succession très rapide d’informations médiatisées, le « zapping » si fréquent nuisent en effet au processus de découverte, qui implique la durée et l’approfondissement de la saisie. Cet apprentissage de l’attention peut revêtir des formes diverses et tirer parti de multiples occasions de la vie (jeux, stages dans les entreprises, voyages, travaux pratiques de sciences, etc.). »

« L’éducation première peut être considérée comme réussie si elle a donné l’impulsion et les bases qui permettront de continuer à apprendre tout au long de la vie, dans le travail, mais aussi hors du travail. »

2 - Apprendre à faire, pour pouvoir agir sur son environnement

« Apprendre à connaître et apprendre à faire sont, dans une large mesure, indissociables. »

« L’objectif est d’acquérir non seulement une qualification professionnelle, mais, plus largement, une compétence qui rende apte à faire face à de nombreuses situations et à travailler en équipe. »

3 - Apprendre à vivre ensemble, apprendre à vivre avec les autres

« Sans doute cet apprentissage représente-t-il un des enjeux majeurs de l’éducation aujourd’hui. »

« L’éducation a pour mission d’enseigner simultanément la diversité de l’espèce humaine et la conscience des similitudes et de l’interdépendance entre tous les êtres humains de la planète. »

« La découverte de l’autre passe nécessairement par la connaissance de soi et pour donner à l’enfant et à l’adolescent une vision juste du monde, l’éducation, qu’elle soit faite par la famille, la communauté ou l’école, doit d’abord lui faire découvrir qui il est. »

« Développer cette attitude d’empathie à l’école est fécond pour les comportements sociaux tout au long de la vie. »

« Lorsque l’on travaille ensemble à des projets motivants qui font sortir de l’habitude, les différences, et même les conflits, entre les individus tendent à s’estomper, et disparaissent parfois. »

« L’éducation formelle doit donc réserver suffisamment de temps et d’occasions dans ses programmes pour initier les jeunes à de tels projets coopératifs, dès l’enfance, lors des activités sportives ou culturelles. Mais aussi par leur participation à des activités sociales. »

« En outre, dans la pratique scolaire quotidienne, l’implication des enseignants et élèves dans des projets communs peut engendrer l’apprentissage d’une méthode de résolution des conflits et une référence pour la vie future des élèves, tout en enrichissant la relation enseignant-enseigné. »

4 - Apprendre à être

« L’éducation doit contribuer au développement total de chaque individu — esprit et corps, intelligence, sensibilité, sens esthétique, responsabilité personnelle, spiritualité. »

« Tout être humain doit être mis en mesure, notamment grâce à l’éducation qu’il reçoit dans sa jeunesse, de se constituer une pensée autonome et critique et de forger son propre jugement, pour déterminer par lui-même ce qu’il estime devoir faire dans les différentes circonstances de la vie. »

« Le problème ne sera plus alors tellement de préparer les enfants à une société donnée que de fournir à chacun en permanence les forces et les repères intellectuels lui permettant de comprendre le monde qui l’entoure et de se comporter en acteur responsable et juste. »

« Plus que jamais, l’éducation semble avoir pour rôle essentiel de conférer à tous les humains la liberté de pensée, de jugement, de sentiment et d’imagination dont ils ont besoin pour épanouir leurs talents et rester aussi maîtres que possible de leur destin. »

« La diversité des personnalités, l’autonomie et l’esprit d’initiative, voire le goût de la provocation, sont les garants de la créativité et de l’innovation. »

« Dans un monde très changeant dont l’un des moteurs principaux semble être l’innovation tant sociale qu’économique, une place particulière doit sans doute être faite à l’imagination et à la créativité ; manifestations les plus nettes de la liberté humaine, elles peuvent se trouver menacées par une certaine standardisation des conduites individuelles. »

« Le XXIe siècle a besoin de cette diversité des talents et des personnalités, au-delà même des individus exceptionnels, également essentiels dans n’importe quelle civilisation. Il convient donc d’offrir aux enfants comme aux jeunes toutes les occasions possibles de découverte et d’expérimentation – esthétique, artistique, sportive, scientifique, culturelle et sociale -, qui viendront compléter la présentation attrayante de ce qu’ont su créer, dans ces domaines, les générations précédentes ou leurs contemporains. »

« A l’école, l’art et la poésie devraient reprendre une place plus importante que celle que leur accorde, dans bien des pays, un enseignement devenu plus utilitariste que culturel. »

« Le souci de développer l’imagination et la créativité devrait aussi revaloriser la culture orale et les connaissances tirées de l’expérience de l’enfant ou de l’adulte. »

« Le Rapport Apprendre à être d’Edgar Faure indiquait : « Le développement a pour objet l’épanouissement complet de l’homme dans toute sa richesse et dans la complexité de ses expressions et de ses engagements : individu, membre d’une famille et d’une collectivité, citoyen et producteur, inventeur de techniques et producteur de rêves ». Ce développement de l’être humain, qui va de la naissance à la fin de la vie, est un processus dialectique qui commence par la connaissance de soi pour s’ouvrir ensuite au rapport à autrui. En ce sens, l’éducation est avant tout un voyage intérieur, dont les étapes correspondent à celles de la maturation continue de la personnalité. Supposant une expérience professionnelle réussie, l’éducation comme moyen d’un tel accomplissement est donc à la fois un processus très individualisé et une construction sociale interactive. »

L’éducation pour le développement humain

« La perspective du développement humain […] conduit à dépasser toute conception de l’éducation qui serait étroitement utilitaire. L’éducation ne sert pas seulement à pourvoir le monde économique en qualifications : elle ne s’adresse pas à l’être humain en tant qu’agent économique, mais en tant que finalité du développement. Épanouir les talents et les aptitudes que chaque personne porte en elle répond à la fois à sa mission fondamentalement humaniste, à l’exigence d’équité qui doit guider toute politique éducative et aux véritables besoins d’un développement endogène respectueux de l’environnement humain et naturel, ainsi que de la diversité des traditions et des cultures. »

« Le processus du développement doit avant tout permettre d’éveiller tout le potentiel de celui qui en est à la fois le premier protagoniste et l’ultime destinataire : l’être humain, celui qui vit aujourd’hui, mais aussi celui qui vivra demain sur la terre. »
Federico Mayor, Directeur général de l’UNESCO, lors du Colloque international « Et le développement »

Article rédigé par un collectif de l’école Perceval
Mis en ligne le 30 Décembre 2016

Droit d’auteur : toutes les citations sont extraites du rapport « L’éducation, un trésor est caché dedans » publié par l’UNESCO. Tous droits réservés (c).

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